16 décembre 2008

Étonnant père Régimbald !

Quand j'étais à l'école primaire, quelque part au courant des années 80, un personnage singulier, le père Régimbald, s'était mis à dénoncer dans différents médias un "complot mondial" fomenté par des adeptes de Satan, les Illuminati, qui, prétendait-il, voulaient dominer le monde et préparer la venue de l'Antichrist [sic].

Assez impressionné par le fait de vivre à tâtons dans le monde occulte que dépeignait Régimbald, un monde de meurtres, de folie et d'apocalypse imminente, j'avais assisté à une conférence (donnée à la Maison de la Culture, qui s'appelait, à l'époque, le centre culturel) du religieux en question. Pendant 120 minutes, il avait projeté des pochettes d'albums sur écran géant, analysant les sous-entendus diaboliques de groupes assez inoffensifs qui, dans sa vision, prenaient des allures infernales. Que penserait-il aujourd'hui, s'il avait vécu assez longtemps pour connaître les groupes de metal norvégiens, autrement plus extrêmes et explicites que ce qu'il dénonçait (généralement à tort) comme un propagande masquée à la solde du diable !

Régimbald n'était pas le seul à combattre. Il existait aussi un petit livre assez pittoresque (Alain Lamothe, La musique rock : divertissement ou medium, Éditions Recherches, 1983) selon lequel le diable était partout. On dénonçait notamment le groupe québécois DANGER à cause des paroles suivantes, jugées inadmissibles : "Prends ta chance du côté de la démence"...(L'ami psyquébélique a d'ailleurs mis en ligne une chanson assez percutante de ce groupe ici. C'est grâce à lui que j'ai découvert qu'un collectionneur étonnant avait mis en ligne l'une des entrevues que Régimbald avait accordées à la télévision à l'époque (en 1983). On découvrira avec stupeur ce document d'archives très spécial...)Le père Régimbald à l'oeuvre

Et un blogue qui l'attaque.

Source de la photo de Danger : le bloque psyquébélique.

14 novembre 2008

La nuit soupire quand elle s'arrête

La nuit soupire quand elle s'arrête (cliquer sur l'image pour mieux voir les détails)...Autre nouveauté : mon article sur l'écrivain/cinéaste occulte Mario Mercier a été traduit en anglais. On peut le lire ici : esotikafilm.com (dans la section "Articles").

13 novembre 2008

Étrange, étrange marché aux puces : partie 2

Une autre visite au marché aux puces de Shawinigan a donné lieu à ce photo-reportage plus modeste que le précédent. Quelques bizarreries m'ont amusé une nouvelle fois, je les partage avec vous ici.

Pas de chance, cette fois, aucun livre étrange à signaler. Que des éditions poches de classiques et des éditions grand format de livres sans originalité particulière. Néanmoins, ce photo-roman avait un certain charme :Ce quatrième de couverture, tiré de la seconde biographie de Danielle Ouimet (il existe au moins 3 livres consacrés à "Valérie"), rappelle un certain jaunisme québécois des années 70 :Évidemment, une visite au marché aux puces manquerait de saveur sans l'assortiment habituel de disques vinyles improbables. Florilège :Fait particulier, l'endroit a deux étages (rez-de-chaussée + premier). Le premier étage est déconcertant. On a l'impression d'évoluer dans des limbes, dans quelque oubliette, quelque annexe improbable. L'escalier qui y mène ne paie pas de mine, une atmosphère morose plane sur l'endroit, silencieux et mal éclairé. Ambiance :L'un des amis qui m'accompagnaient pose fièrement devant une porte verrouillée qui dissimule on ne sait trop quoi. Le flou de la photo ajoute un petit quelque chose : on dirait qu'il s'agit d'un voleur en plein bal masqué.Cette visite dans l'un des antres du kitsch mauricien s'avéra donc plus sage que certaines des explorations précédentes. Seule une visite au haut lieu "polynésien" de Trois-Rivières, agrémentée d'un breuvage magique servi dans un verre en forme de crâne, pourrait peut-être y remédier...

02 novembre 2008

Comme un goût d'aurore sur une idée fixe

Ça y est, le livre est paru ! Il est disponible en librairie depuis quelques jours...

17 octobre 2008

La collection Angoisse des Éditions Fleuve Noir

Depuis longtemps, je recherche avec curiosité les volumes de la collection "Angoisse" du Fleuve Noir, collection qui, des années 50 à 70, fut le lieu de prédilection de fantastiqueurs talentueux qui pratiquaient une littérature surprenante, volontiers surréaliste et fort inventive. André Ruellan, Adrien Sobra (Marc Agapit), Jean-Pierre Andrevon, Pierre Pelot et bien d'autres y publièrent d'étonnantes oeuvres qui côtoyaient d'autres livres plus "approximatifs" mais néanmoins réjouissants, tel cet Ostal du Mystère (que j'accompagne ici d'une preuve : nous sommes deux, chez moi, à être fans de cette collection, comme le démontre avec éloquence cette image du chat jaune pris en flagrant délit d'amour du Fleuve Noir).Si d'aventure vous trouvez l'un des volumes de la collection, dans quelque marché aux puces ou quelque bouquinerie, n'hésitez pas à l'emporter avec vous. Peut-être y trouverez vous les qualités métaphysiques qui valurent à André Ruellan ces mots de Cocteau : "C'est une fête noire que de vous lire".

03 octobre 2008

SCALI, ÉDITEUR ROCK

Tout d'abord, merci de votre patience. Il est difficile pour moi de trouver le temps de mettre ce blogue à jour aussi souvent que je le souhaiterais. Obligations et publications... et il faut bien vivre, également.

En ce début d'octobre, je tenais à vous parler de l'éditeur français SCALI qui accomplit, je trouve, un boulot formidable depuis un ou deux ans. En effet, cet éditeur a fait paraître une foule d'ouvrages de référence sur des sujets passionnants, dans des formes parfois ludiques, parfois plus "sérieuses". Le résultat, à coup sûr, ne laisse pas indifférent et permet de découvrir des univers assez intéressants.

Quelques échantillons pour vous donner une idée :

- Dans son Concentré de contre-culture, l'auteur Bruce Benderson présente une foule de personnalités de l'underground mondial. Il y a aborde à peu près toutes les "marges" : culture gothique, bandes dessinées underground, punk, grunge, événements célèbres (le désastreux concert d'Altamont), le quartier mythique de Haight-Ashbury (San Francisco), etc. Chacune des entrées de ce dictionnaire se lit avec curiosité, d'autant plus que l'auteur personnalise souvent le propos en racontant des histoires qu'il a vécues. Grâce à cet intéressant et imposant Dictionnaire de la censure, on peut enfin savoir quoi lire et quoi voir (sourires...). Près de 600 pages qui s'intéressent à cette question encore épineuse. J'estime, chers lecteurs, que vous savez que, contrairement à une idée curieusement répandue, la censure n'est pas morte en 2008. En fait, le retour du conservatisme va de pair avec le musèlement du dicible. Ce dictionnaire se penche donc sur la question en étudiant plusieurs de ses manifestations. Rappelons qu'au Québec, le chercheur Pierre Hébert a publié deux études remarquables sur le sujet et qu'il a dirigé un énorme Dictionnaire de la censure au Québec : littérature et cinéma (720 p., chez Fides), ouvrage auquel j'ai eu le plaisir de participer.

La culture rock n'est pas en reste chez Scali, avec notamment, un livre sur la mythique formation Taxi-Girl paru en janvier dernier. Dans le domaine des grandes figures tragiques, n'oublions pas cet étrange Dictionnaire des destins brisés du rock qui nous présente autant d'Icares immolés sur l'autel de l'excès. On y retrouve des noms très connus (Brian Jones, Jim Morrison, etc.) et d'autres personnages moins célèbres mais tout aussi fascinants.

J'ai déjà glissé, sur ce blogue, quelques mots au sujet du Dictionnaire snob du cinéma. Il existe aussi un Dictionnaire snob du rock qui permet de savoir à quel point vous êtes (éventuellement) fan du rock et de son histoire, mais également la place que prend cette dimension dans votre vie... à tort ou à raison !... J'avais déjà deviné mon camp ! Au menu : Americana, country alternatif, Brill Building, "Le purgatoire des rockologues" (qui présente des figures honnies des fans du rock : "Les dix personnes que le rockologue se doit de haïr" !), "Les livres essentiels que tout rockologue doit avoir lus", "dix chefs-d'oeuvre oubliés", etc.Fait particulier, Scali n'oublie pas la culture gothique avec pas moins de 5 livres consacrés au domaine. On retiendra notamment le Dictionnaire gothic [sic] qui présente des figures et des oeuvres marquantes de cette esthétique, en littérature, en musique, au cinéma. Une lecture fort attrayante qui permet d'enrichir notre réflexion au sujet de ce courant culturel.

Le romancier Marc Dufaud a également consacré un essai aux Décadents français, un "mouvement" littéraire (en fait, on devrait plutôt parler d'une esthétique) qui se caractérisait par un attrait pour l'interdit, le faisandé, l'étrange, le hors-normes... On peut penser à des noms connus des littéraires (Huysmans ou Mirbeau, par exemple) ou à d'autres auteurs plus oubliés mais néanmoins fort intéressants, tel Jean Lorrain, chroniqueur mondain qui trempait sa plume acide à même l'éther qu'il utilisait pour visiter des paradis artificiels peu communs. Lorrain écrivit aussi plusieurs textes littéraires (romans, nouvelles, théâtre, poésie) qu'il illuminait d'un style intelligent et fort évocateur.

Autre livre particulier, le Dictionnaire diabolique permet de frayer avec l'occulte. Le genre de livres qui me fait me réveiller, la nuit, dans la maison au fond de l'impasse sans être trop certain de distinguer le réel de l'imaginaire... Lecture troublante qui nous présente le Diable dans plusieurs de ses manifestations : culture, philosophie, religion, bien sûr. On peut donc croire, comme l'affirme le titre de ce film que Jean Beaudin renia en 1972 - car le producteur l'avait remonté à son insu -, que Le Diable est parmi nous.
Les amoureux du cinéma ne sont pas délaissés par le biais de L'Enfer du cinéma, un livre consacré à tous ces films maudits que le destin semble poursuivre d'une main vengeresse. Films en proie à des problèmes de tout ordre : producteur fou, acteurs incontrôlables, destruction injustifiée, censure, etc. Hélas, on a oublié ce fameux Le Diable est parmi nous dont je parlais plus haut, rare cas de film québécois "occulte" avec, au menu, rien de moins Daniel Pilon, Louise Marleau et Danielle Ouimet... Plus un très étrange personnage satanisant que tout le monde surnomme "grand-mère". Le film de Baudin - je digresse, mais peu importe - se termine par une citation de Baudelaire et par des statistiques très bizarres au sujet de disparitions qui surviennent chaque jour dans le monde, disparitions qu'on attribue à la présence de sectes sataniques en quête de victimes à sacrifier. Récemment, SCALI publiait Dans les griffes de la Hammer, une thèse de doctorat (remaniée pour la publication) consacrée à la réception critique française des films de la célèbre firme britannique. Ce livre fort intéressant est rehaussé d'entretiens accordés par des journalistes et critiques importants. On signalera également le Dico du rock'n'roll au cinéma qui présente et fait découvrir un cinéma qui déménage, rock dans l'esprit ou dans la bande son. L'éditeur a bien résumé ce dont il s'agit : "films de plages, films de motards, films satanistes déviants, films bubble-gum avec des gauchistes sortis de Hanna & Barbera et folies psychédéliques sorties du swinging London… L'ouvrage propose un panorama de la culture pop au cinéma. Des films rock avec les Beatles, les Rolling Stones, les Pink Floyd, Elvis Presley, Les Sex Pistols et Led Zeppelin aux ovnis clinquants que sont Les Spotnicks, Tomorow, Slade, The Phynx, du cinéma d'auteur au cinéma d'exploitation.
Mods, punks romantiques, vampire hippies, femmes fatales pop art, blousons noirs et espions pour rire se rencontrent au sein d'une folle sarabande pop réunie pour la première fois dans un seul ouvrage."

Qui dit mieux ?

01 septembre 2008

Quelques nouvelles... et un dernier dossier Fantasia (FantAsia 2008)

Eh voilà, je suis redevenu professeur au Cégep de Trois-Rivières, ce qui équivaut à un temps de plus en plus restreint à mettre sur ce blogue... Mais j'y serai au moins une fois par mois... L'été a filé vite, très vite... Comme le chantait Jim Morrison : "Summer's Almost Gone". Mais il y en aura d'autres, bien sûr.

Une petite rubrique en vrac, donc. Confirmation : mes deux romans paraîtront en septembre ou octobre (Comme un goût d'aurore sur une idée fixe et La Nuit soupire quand elle s'arrête).

L'éditeur Triptyque a retenu pour publication mon dernier recueil de poésie, Sombre d'ailleurs, un livre sur lequel je travaille depuis 2004. Une belle collaboration en perspective pour cet ouvrage qui devrait paraître en 2009.

Mon petit mot sur Fantasia 2008 sera plus court que les articles précédents, afin de ne pas abuser des bonnes choses. L'expérience de juré fut agréable, et les films qui remportèrent le prix (animation + live action) le méritaient amplement, notamment un court-métrage canadien basé sur la musique de Johnny Hollow, fort évocateur...La semaine passée à Fantasia (du 5 au 11 juillet) fut électrique, un peu épuisante aussi. J'en suis revenu vanné, peut-être à cause du contraste saisissant entre la canicule qui régnait alors sur Montréal et les salles très climatisées. J'ai eu l'occasion de voir pas mal de films, d'une qualité inégale. Je ne blâmerai pas les programmateurs et l'équipe de Fantasia pour qui j'ai beaucoup d'estime, et qui doivent par ailleurs tenir compte de l'état actuel de la production filmique.

En vrac, et en bref :

- [REC], film espagnol précédé d'une excellente réputation dans la presse spécialisée. On le présentait comme très effrayant. C'est une belle réussite, dans un style en vogue depuis Blair Witch : le faux-reportage en direct. On suit une journaliste et une équipe de pompiers qui répondent à un appel d'urgence dans un immeuble. Ce qu'ils y découvriront est assez étonnant. Climat d'hystérie, action non-stop, de vraies montagnes russes pour fans de sensations fortes. La finale est particulièrement réussie, car elle nous conduit vers des voies insoupçonnées. [REC] est essentiellement un "divertissement", mais très bien fait.- Who's That Knocking on My Door (Corée). Je ne retiens pas grand-chose de ce film, sinon un souvenir déjà très vague. Le sujet, c'est l'humiliation que peuvent ressentir certains jeunes... Bah... Ça avait un certain potentiel, mais vraiment, je n'ai pas grand-chose à dire sur ce film un peu mou et ennuyeux.- Timecrimes (Los Cronocrimenes), film espagnol. J'adore le cinéma espagnol, mais ce film n'est pas marquant. Un concept déjà vu : les voyages dans le temps et les paradoxes temporels, le tout traité de façon légère, comme une comédie. C'est regardable, relativement divertissant, mais somme toute assez superficiel. L'équivalent espagnol d'un film d'été américain - on annoncerait un remake hollywoodien que je ne serais pas surpris. On peut préférer, comme ce chat, un vieux Fu Manchu réalisé par Jess Franco : - Before the Fall (3 Dias). Film espagnol, encore. L'identité culturelle espagnole, l'humour féroce, l'inventivité qu'on retrouve souvent dans ces productions n'était pas au rendez-vous. On parle ici des derniers jours qu'un groupe de personnes vit avant une catastrophe naturelle : un météorite va s'écraser sur la Terre, causant des ravages... Curieux film dont le sujet avait, encore une fois, un potentiel véritable... Résultat discutable, épars, pas très intéressant. Pour s'en remettre, quoi de mieux qu'un tour dans l'un des pubs irlandais qu'on trouve dans le coin ? - Mother of Tears (Dario Argento). Argento, si vous ne le connaissez pas, est une référence en matière de thriller à l'italienne. On l'a parfois surnommé le Hitchcock italien. Si les deux hommes ont un style somme toute différent, l'image nous permet de saisir un peu le contexte. Dans les années 70, Argento a signé plusieurs films d'une grande qualité formelle, notamment PROFONDO ROSSO et SUSPIRIA, deux véritables chefs-d'oeuvres baroques. Les années 80 ont aussi vu leur lot de films intéressants. Puis, depuis les années 90, Argento s'est mis à péricliter de façon de plus en plus alarmante, réalisant des films aseptisés, maladroits, peu convaincants... Quelques soubresauts de temps en temps, mais la tendance était vraiment au déclin. Mother of Tears, c'est un peu le clou dans son cercueil de cinéaste. Un film approximatif, décousu... La salle croulait de rire. À vrai dire, la quasi-totalité du film est ratée. On a beau tenter de le prendre par tous les côtés (montage, interprétation, musique, scénario, etc.), le bilan est le même : très mauvais... Mon avis :- Let the Right One In (Suédois). Un film de "vampires" assez original et minimaliste, tourné dans des décors enneigés, avec une lenteur poétique. J'avoue que la perspective d'aller voir un "film de vampires" ne m'emballait pas - le sujet me paraît archi-usé. Je suis sorti de la salle en reconnaissant de belles qualités à cette production toute en douceur, subtile...

- Sparrow (Film chinois du réalisateur Johnnie To, très estimé des cinéphiles). Un bel exercice de mise en scène, fluide et élégante. Par contre, le contenu est très superficiel. On en sort en ayant vu de belles images, mais ce n'est rien de transcendant.- Wide Awake (Film coréen). Sujet solide, basé sur une réalité perturbante : pendant certaines opérations chirurgicales, l'anesthésie ne fonctionne pas auprès de rares patients. Ils subissent alors un véritable traumatisme, puisque rien ne permet aux médecins de détecter que le patient est conscient de l'opération ! Sujet très, très noir, donc, pour un traitement plus grand-guignolesque qu'autre chose, avec retournements de situation et scénario inutilement compliqué.- Mad Detective, toujours de Johnnie To, plus engageant, cette fois, avec un personnage original, celui d'un inspecteur (à la retraite) plus ou moins fou, dont les réactions sont imprévisibles. L'homme, par exemple, semble vivre dans le déni : son épouse l'a quitté, mais il refuse de l'admettre et agit encore comme si elle était avec lui. En fait, il la voit véritablement en train de lui parler. Ce n'est pas là l'élément central du scénario, mais c'est celui qui m'est apparu le plus riche en possibilités dramatiques, justement parce qu'il nous montre que, d'une certaine façon, on vit dans l'univers mental qu'on choisit de se créer. Alors, en fin de compte, s'agit-il de déni ou notre Mad Detective voit-il réellement son épouse ?- Epitaph (Corée). Il s'agit d'une sorte de film à sketches, esthétiquement magnifique. Le rythme est lent, le propos et le traitement n'ont rien de forcément engageant, mais, ne serait-ce que pour son esthétique et son travail sur l'image, le résultat est agréable.-The Objective (USA). Réalisé par Daniel Myrick (Blair Witch). Autant j'avais aimé Blair Witch - et même sa suite -, autant cet Objective m'a paru long et sans intérêt. Impression partagée par les amis qui étaient avec moi. On dirait le scénario d'un mauvais épisode de X-Files, mais sans Mulder et Scully. Mouais...- Home Movie (USA). Étonnant ! Encore un film qui emploie la technique "faux document". Cette fois, il s'agit d'enregistrements faits au caméscope par un père qui immortalise certaines scènes de la vie quotidienne de sa famille... plutôt perturbée. Résultat décapant, mais original et imprévisible. Une sorte de cauchemar, feutré par moments... Un miroir déformant dans lequel on peut se regarder avec une fascination trouble.

En mettant de côté les courts-métrages, mes deux favoris, cette année, sont donc [REC] et Home Movie.

Merci de m'avoir lu, et à bientôt.

14 août 2008

Prochaine mise à jour : septembre

Un mot pour signaler que la prochaine mise à jour du blogue aura lieu au tout début de septembre. Merci de votre intérêt envers ce blogue.

01 août 2008

Fantasia, prise deux

J'ai été plutôt pris ces temps-ci, d'où les mises à jour plus rares du blogue. M'étant cependant engagé à le mettre à jour au moins une fois par mois, je vous offre un nouveau texte sorti des archives. Il s'agit, cette fois, du compte rendu de l'édition 2005 de Fantasia. Quelques mots, auparavant, pour confirmer que le travail d'édition sur les deux romans a bien avancé et qu'ils paraîtront comme prévu cet automne (dates à confirmer). D'autres projets se poursuivent, dont je parlerai sur ce blogue.

Le festival Fantasia de Montréal, édition 2005

par Frédérick Durand

Cette année, je n’ai pas pu assister à l’intégralité du festival, ayant pu être à Montréal du 13 au 16 juillet seulement. On peut toutefois estimer que c’est suffisant pour juger de l’atmosphère de Fantasia. L’événement s’est tenu au même endroit que l’an dernier. On assiste aux films soit dans l’immense salle Théâtre Hall Concordia, soit dans la salle J. A. de Sève.

Dans le premier cas, on doit s’attendre à un écran gigantesque et à une climatisation si présente que les plus frileux apporteront leur chemise. Quant aux sièges, n’en parlons pas, ils finissent par nous mettre à rude épreuve, mais le parcours du cinéphile est souvent un chemin de croix, non ? Compensation : du garage rock festif (Cramps, Electric Prunes, etc.) précède les projections, installant d’emblée un climat survolté. Dans le second cas, c’est une salle plus intime, où on souhaite que personne de trop grand ne vienne s’asseoir devant nous, sinon le risque est grand de voir une tête s’interposer entre l’écran et nos yeux.

Commençons ce compte rendu plus précis avec ZEE-OUI, un film thaïlandais basé sur un sujet extrêmement délicat : la biographie « déconstruite » d’un tueur d’enfants en série, basée sur des faits réels survenus voilà environ soixante ans. Quand on sait que les programmateurs de Fantasia ne manquent pas d’audace, on pouvait se demander quel serait le résultat.

Hélas, ZEE-OUI ne marquera pas les annales du cinéma. En dépit de ses 86 minutes, le film semble très long, en plus d’être souvent mal interprété. Il est vrai que les scènes où Zee-Oui (le tueur en titre) capture des enfants dans une fête foraine sont perturbantes, mais c’est insuffisant pour conclure que le film est un chef-d’œuvre. L’ensemble, très mélodramatique, rappelle un aspect qui nuisait souvent au cinéma de Hong-Kong voilà une dizaine d’années. De plus, les transitions entre un extrême et un autre ne sont guère maîtrisées : on peut passer, en l’espace de quelques secondes, d’une musique et un climat qui se veulent terrifiants à une atmosphère joyeuse et insouciante. Passe encore si on avait voulu en faire une signature stylistique (le cinéaste québécois Gilles Carle s’en faisait une spécialité dans les années 70, avec un certain talent baroque), mais ce n’est pas le cas.

ZEE-OUI n’est pas raconté dans l’ordre chronologique et, pendant tout le film, des flashbacks psychologisants tentent, en quelque sorte, de nous expliquer comment un homme peut devenir un tueur en série. Les causes sont convenues : la guerre, la pauvreté, les moqueries de jeunes enfants, l’abandon du père, etc. Une façon comme une autre de se donner bonne conscience, mais pour mieux comprendre la psychologie des serial killers, lire un livre (par exemple ceux que Stéphane Bourgoin a consacrés à la question) vaut mieux que voir un film qui, forcément, ne peut guère entrer dans les détails, surtout en 86 minutes…Le lendemain (14 juillet), toujours dans l’immense salle Théâtre Hall Concordia, c’est la première montréalaise du thriller canadien THE DARK HOURS, réalisé par Paul Fox, qui a surtout travaillé pour la télévision. THE DARK HOURS se veut un retour aux films glauques des années 70, des suspenses méchants comme LAST HOUSE ON THE LEFT ou FIGHT FOR YOUR LIFE.

Le scénario est simple : Samantha, psychiatre fatiguée de son boulot, va rejoindre son conjoint David (un écrivain) dans le chalet où il termine son roman. La sœur de Samantha, qui travaille pour David, s’y trouve également. Lorsqu’un jeune homme leur demande de l’aide, David le laisse entrer dans le chalet… et la petite famille se trouve rapidement menacée par le voyou dont l’équilibre psychologique est instable. Un complice vient bientôt le rejoindre : ex-patient de Samantha, il veut se venger de la psychiatre en forçant la petite famille à jouer à des jeux cruels de son invention.

Si le canevas de base paraît simple, il n’en est rien, puisque d’autres données plus complexes viendront peu à peu s’y greffer. Il faut dire d’emblée que THE DARK HOURS est une belle réussite, un film canadien qui peut rappeler certaines œuvres hargneuses des années 70 (DEATH WEEKEND de William Fruet, 1976), mais dont le traitement ambitieux en fait plus qu’un simple film d’exploitation, malgré certaines séquences qui raviront les fans d’un cinéma qui n’a pas froid aux yeux. Le public fantasien est d’ailleurs généralement plutôt extroverti, et les séquences gore entraînent souvent applaudissements et autres manifestations bruyantes. On peut trouver ces réactions puériles, et juger qu’elles témoignent plutôt d’un conformisme évident que de l’allure cool que tentent de revendiquer ainsi les spectateurs en question. Passe encore quand il s’agit d’une comédie trash à la BRAINDEAD, mais dans certaines situations, on se demande où se trouve l’empathie de la salle. Keep repeating yourself : it’s only a movie, comme le proclamait le pavé de presse de Last House on the Left

Au terme de la projection de THE DARK HOURS, l’équipe du film (le réalisateur, le producteur, le scénariste et les deux acteurs principaux) a répondu aux questions du public, moment toujours très prisé (avec raison) par le public de Fantasia. C’est l’énergique Mitch Davis qui s’est chargé des présentations, poursuivant une tradition amorcée depuis plusieurs années déjà. La séance a commencé sur un drôle de pied : un adolescent s’est levé et, en guise de première question, a simplement laissé tomber :

– I don’t get it (je ne comprends pas).

Il s’est ensuite assis, après avoir fièrement tapé dans la main d’un de ses amis, sans doute satisfait de ce qu’il estimait être une « intervention mâle ».

Le réalisateur Paul Fox aurait pu s’offusquer du manque de diplomatie, mais il n’en fut rien. Il a patiemment expliqué qu’un premier montage plus traditionnel du film avait été écarté, afin d’éviter de trop expliquer. Fox a donné l’exemple de Psycho, dont la finale donne vraiment l’impression que Hitchcock (dans le cas de ce film, du moins) jugeait son public peu capable d’induction, d’analyse et de réflexion personnelle.

Les autres questions ont parfois été traditionnelles (date de distribution du film, projets à venir, etc.), parfois rigolotes (un spectateur s’étonne que Fox ait réalisé des épisodes de Degrassi, une série télé pour ados), parfois intéressantes (« Est-ce difficile d’interpréter un fou ? ». Aidan Devine, l’interprète du prédateur sexuel Harlan Pyne, répond : – C’est beaucoup plus difficile de jouer quelqu’un de « normal »).

Le scénariste a aussi avoué que le film avait été écrit en fonction du budget, que le réalisateur révèle : 500 000 $ (canadiens, probablement). On parle aussi de FUNNY GAMES, que Paul Fox a vu en cours de route, et que le scénariste Wil Zmak n’a pas aimé, surtout pour le fait qu’il véhiculait une critique moralisatrice du genre, par le biais des personnages qui s’adressent directement au spectateur.

Signalons que Kate Greenhouse a reçu le prix de la meilleure actrice, dans le cadre du « palmarès officiel » du festival.

Le vendredi 15 mai, supplémentaire pour le film thaïlandais SHUTTER dont les billets pour les autres représentations ont tous été vendus. Le film se situe sans complexes dans la lignée de RING, JU-ON et autres films de fantômes asiatiques, décidément un filon très en vogue. Je craignais le pire, ayant vu de plus en plus d’erzats de RING, films mous et bourrés de clichés.

C’est dans la petite salle de Sève que j’assiste à la projection, une projection chaotique. Heureusement, les hauts-parleurs enterrent les commentaires du public, mais, dans les moments plus silencieux, ce n’est pas toujours le cas. À côté de moi, un ado reçoit deux appels sur son téléphone portable, il y répond et se met à parler à son interlocuteur… Le second a lieu pendant une scène très dramatique. Ensuite, il regarde l’écran bleuté de son appareil en quête d’on ne sait trop quoi. Pas génial, mais, bon…

Heureusement, le film, lui, est réussi. SHUTTER, s’il n’est pas toujours original, est franchement efficace dans le genre et parvient à flanquer la frousse à une salle pas gagnée d’avance. Comme dans la plupart des films du genre, il y a certaines outrances qui peuvent faire décrocher, mais le scénario est bien ficelé et aborde en profondeur un élément vu dans d’autres films du genre, mais pas de manière aussi approfondie : la photographie.

En gros, le film raconte les déboires d’un couple, Tun et Jane, dont la voiture frappe une jeune femme. Craignant sans doute des représailles puisqu’ils étaient ivres, Tun et Jane préfèrent s’enfuir. Des apparitions spectrales s’ensuivront…

Heureusement, le scénario va plus loin que ce simple résumé du début du film, et la situation s’avère plus complexe. SHUTTER est le film que j’ai préféré cette année. Il a remporté le prix 50e anniversaire de la revue québécoise SÉQUENCES. Élie Castiel, rédacteur en chef de SÉQUENCES, agissait en tant que président du jury, et les membres du jury étaient les journalistes Luc Chaput et Alain Vézina. Selon le communiqué de presse de SÉQUENCES, « même si le film reprend plusieurs éléments graphiques de la nouvelle vague du cinéma d’horreur asiatique, le récit parvient à captiver par une intrusion progressive du surnaturel dans l’univers des personnages. Après le Japon, un tel film laisse croire que les amateurs d’horreur doivent maintenant se tourner vers la Thaïlande pour assouvir leur besoin de frissonner. »

Le 16 juillet, visionnement de SMALL GAUGE TRAUMA, environ 120 minutes de courts-métrages venus d’un peu partout. On y retrouve du bon et du moins bon. Parmi le moins bon, je note MAXIMILIANI ULTIMA NOX de Thierry Lopez, un film de vampires qui se veut branché, mais qui accumule platement les séquences gore pseudo-cool en y ajoutant des dialogues qui sonnent très « doublage de film d’action américain ». On ne voit pas l’intérêt. THINNING THE HARD, un court-métrage friqué de la mannequin Rie Rasmussen (FEMME FATALE de De Palma) manque aussi d’originalité, et sa fin en forme de coup de théâtre est assez douteuse.

À travers ça, on parcourt un moyen-métrage allemand (35 minutes) post-apocalyptique un peu long (TAG 26), un hommage au giallo en forme d’exercice de style technique (L’ÉTRANGE PORTRAIT DE LA DAME EN JAUNE, des Belges Hélène Cattet et Bruno Forzani) et quelques autres.

Les meilleures réussites sont GORGONAS, un film d’animation argentin de Salvador Sanz, basé sur un concept très intéressant (un girl group du genre Spice Girls devenu des gorgones à la suite d’une opération chirurgicale qui a mal tourné) et TEA BREAK, court-métrage américain d’humour noir.

Souper avec les amis, puis retour à la grande salle pour NEIGHBOR NO. 13, un film japonais réalisé par Yasuo Inoue, dans le style, dit-on, de Takashi Miike. D’emblée, je dois admettre ne pas connaître beaucoup le style Miike, ayant seulement vu deux de ses films, dont une commande (ONE MISSED CALL). C’est l’un des assistants directeurs du festival, Marc Lamothe, qui présente le film en blaguant :

– Voulez-vous d’l’écrapou ?

Pour le bénéfice du lectorat français, disons simplement que « l’écrapou » signifie à peu près gore, mais qu’il s’agit d’un terme familier pas très sérieux et guère utilisé. N’en répandez pas l’usage. On pouvait donc s’attendre à un gros délire festif, mais il n’en fut rien.

Le film parle d’un ouvrier qui a connu une vie malheureuse, étant sans cesse maltraité par son entourage. Un jour, sa rage intérieure finit par lui créer un « double » vengeur qui va certes le protéger, mais aussi lui causer des ennuis. Une sorte de « Ça » colossal, quoi !

L’idée n’est pas hyper-originale, et le traitement m’a laissé très froid. J’ai en fait trouvé NEIGHBOUR NO. 13 ennuyeux. D’un point de vue technique, ça fonctionne bien, mais pour le reste, je n’ai pas accroché. En sortant du film, j’en ai un peu discuté avec d’autres spectateurs. Tous convenaient que le film était plutôt long, mais certains avaient quand même apprécié.

Ce fut ensuite le temps de LIVE FREAKY ! DIE FREAKY !, un projet louche dès le départ : raconter l’affaire Charles Manson avec des marionnettes, dans une comédie « trash ». LIVE FREAKY s’enlise rapidement dans un gros humour vulgaire à base de « fuck » et autres mots de quatre lettres répétés jusqu’au dégoût. Oui, le film est outrageux à souhait, mais c’est insuffisant pour soutenir l’intérêt. On a dit que LIVE FREAKY avait, jusqu’à maintenant, été refusé par tous les festivals. On sous-entend par là que son aspect immoral et décapant en est la cause. On pourrait toutefois ajouter que le film s’essouffle trop vite, qu’il n’est pas drôle et qu’il est redondant. Autant de raisons pour passer son tour.

Fantasia présentait aussi cette année de nombreux autres films, notamment 2001 MANIACS, le remake du classique de HG Lewis, dont on peut sans doute deviner le contenu sans même l’avoir vu ; le routinier ONE MISSED CALL 2 ; THE DEVIL’S REJECTS, le nouveau film de Rob Zombie, dont les critiques sont positives jusqu’à maintenant ; THE EYE 2 (« un drame avec des fantômes qui surgissent de temps à autre », selon un ami) ; un hommage à Ray Harryhausen ; la comédie légère PLEASE, TEACH ME ENGLISH ; KARAOKE TERROR, qu’on dit intéressant en dépit d’un titre absurde ; JU-ON 2, que j’ai trouvé franchement inférieur à l’original.

Pour terminer, je tiens à souligner le travail de recherche, de promotion et de diffusion de l’équipe de Fantasia, qui permet à l’événement d’être intéressant et pertinent. Remerciements particuliers à Simon Laperrière de Fantasia et à l’ami Patrick Lambert pour l’hébergement.

11 juillet 2008

Paul Naschy et Fantasia 2004

Je suis de retour du festival Fantasia. Si je trouve le temps de le faire, je partagerai ici quelques impressions à ce sujet. En attendant, voici ce que j'avais pensé de l'édition 2004 (texte initialement paru dans une publication européenne dont j'oublie le titre !)

Le festival Fantasia de Montréal, édition 2004

Depuis 1996, le festival Fantasia de Montréal se tient chaque été (sauf un hiatus en 2002) et permet aux cinéphiles de découvrir des films venus de tous les coins de la planète. La ligne directrice des programmateurs est simple : trouver des œuvres étonnantes, en marge, dérangeantes, différentes… Comme dans un immense banquet, il est évident que les choix ne plairont pas à tout le monde, mais c’est souvent l’occasion de découvrir des surprises en avant-première, ou alors de voir le film qui, malheureusement, deviendra obscur par la suite, pour des raisons de distribution insuffisante ou inexistante. En outre, des invités de marque viennent souvent enrichir l’événement.

Cette année, par exemple, un Udo Kier en état d’ébriété avancée a étonné le public, notamment parce, pendant sa séance de « questions/réponses », il jouait avec une marionnette qu’il avait baptisée Jean-Pierre… C’était d’ailleurs « Jean-Pierre » qui répondait parfois aux questions du public. Udo n’a d’ailleurs pas hésité à qualifier de « stupides » certaines questions de la salle. Un moment anthologique, semble-t-il… Interrogé par un ami alors qu’il se trouvait dans un bar, attablé avec « Jean-Pierre », Udo a avoué n’avoir jamais été contacté par Jess Franco pour un remake éventuel de L’HORRIBLE DOCTEUR ORLOFF, contrairement à certaines affirmations de la presse spécialisée. Il se disait toutefois intéressé, et prétendait que « Jean-Pierre » pourrait également y jouer !Laissons « Jean-Pierre » à ses frasques. Ma dernière visite à Fant-Asia remontait à 1997, car différentes obligations professionnelles m’avaient empêché d’y retourner par la suite. À l’époque, j’avais découvert TENDER FLESH de Jess Franco sur grand écran, dans une salle déconcertée par les excès du prolifique Espagnol. La salle se vidait au fur et à mesure que le temps passait !

Cette année – 2004 – marquait la venue à Fant-Asia d’un autre ténor du cinéma « bis » espagnol, soit Jacinto Molina (Paul Naschy), venu présenter son dernier film, ROJO SANGRE, réalisé par Christian Molina (aucun lien de parenté).

Naschy :
D’emblée, ROJO SANGRE s’inscrit dans la lignée des meilleurs Naschy. Dans ce film plein de verve et d’inventivité, Naschy livre une interprétation d’une qualité inhabituelle. Véritablement charismatique, il porte le film sur ses épaules et s’avère impressionnant du début à la fin. ROJO SANGRE bénéficie aussi d’un rythme, d’une facture moderne (sans être tape-à-l’œil) et d’une jeunesse d’esprit qui ne peuvent qu’être communicatives.

Le scénario suit les déboires d’un comédien à la dérive, Pablo Thévenet, ex-star du cinéma d’épouvante. Perdu dans un monde où les reality shows et le silicone remplacent la véritable création, Thévenet se sent perdu. Les temps ont bien changé depuis ses succès des années 70. Sans le sou, vivotant de petits rôles minables ici et là, il en vient à devoir accepter un boulot étrange, celui de statue humaine à l’entrée d’une boîte à strip-teases pour riches excentriques. Ce sera le début d’une histoire fascinante, porteuse d’une critique sociale acérée. Le film en entier est exceptionnellement réussi, de la bande sonore élégante aux dialogues acides, en passant par un casting judicieux.

Une photo d'un film seventies de Naschy. À vous de deviner lequel :
Certains passages de Rojo Sangre sont très émouvants pour qui connaît les déboires qui ont éprouvé Naschy depuis les années 80. Lorsqu’on le voit arpenter les rues de l’Espagne contemporaine, voûté, vieilli et vulnérable, on ne peut que ressentir un certain pincement. On rage presque à la vision de Naschy/Thévenet regardant, consterné, une émission de télé-réalité ou un bulletin « culturel » faisant les choux gras d’amours éphémères de vedettes sans talent. Même le générique du début est très fort, montrant une série de photos d’archives de Naschy dans les rôles qui ont marqué sa carrière. Notre verdict est simple : si les Naschy à venir sont de cette trempe, le public n’a qu’à bien se tenir… C’est un retour en forme ahurissant.Après cette projection fort appréciée du public, l’acteur a répondu aux questions de la salle, dans un très bon français teinté d’accent espagnol. Parmi les échanges :

– Ces rumeurs concernant une collaboration avec Jess Franco pour un remake de L’HORRIBLE DOCTEUR ORLOF sont-elles fondées ?
– Non. Jess m’a téléphoné deux fois : pour le rôle d’Orloff et celui de Fu Manchu. Cependant, ces projets n’ont jamais abouti.
– Pourquoi avez-vous accepté de jouer dans ROJO SANGRE ?
– J’ai écrit le scénario (rires généralisés de la salle).
– Y a-t-il un lien d’hommage entre THEATER OF BLOOD et ROJO SANGRE ?
– Pas vraiment, bien que l’idée du film avec Vincent Price soit bonne.
Le lendemain, Naschy présentait un double-programme : LA NOCHE DE WALPURGIS (WEREWOLF SHADOW) et COUNT DRACULA’S GREAT LOVE. Le premier film était présenté dans une version américaine tronquée dont la post-synchronisation laissait à désirer. La copie était très délavée, presque sépia, mais l’atmosphère étrange qui baigne ce film subsistait malgré tout. Une fois la projection terminée, Naschy confiera que les ralentis oniriques qui parsèment le film ont fait l’objet d’une attention particulière à la post-production, car, pendant le tournage, le réalisateur Klimovsky ne disposait pas du matériel nécessaire pour accomplir cet effet.

Après le film, un Naschy atterré nous révélait n’avoir jamais vu cette version qui dénaturait complètement ses intentions initiales. Même la musique avait changé. « Ce n’est pas mon film », répétait Naschy, qu’on sentait nostalgique malgré tout. L’acteur a même évoqué la présence possible du fantôme de Leon Klimovsky dans la salle. Seconde séance de questions/réponses.

– Vous êtes-vous inspiré de Lon Chaney jr pour votre création du loup-garou ?
– Non. Mon loup-garou est beaucoup plus « furieux » et politiquement incorrect, bien que j’apprécie la performance de Lon Chaney jr.
– WEREWOLF SHADOW est supposé se dérouler dans le Nord de la France, mais il n’a pas été tourné là, de manière évidente.
– C’est à cause de la censure, qui interdisait tout sujet délicat en rapport avec l’Espagne. Un loup-garou espagnol n’aurait pas été toléré par la censure franquiste, alors que s’il était hongrois, italien, polonais ou français, ça passait.

Parmi ses propres films favoris, Naschy mentionne El Caminante, hélas peu connu. On lui demande aussi combien de temps prenait le maquillage du loup-garou : au moins six heures, de révéler le comédien devant un public ahuri.

Il se fait tard (presque une heure) et Naschy doit quitter. Pendant l’entracte, il a eu la gentillesse de répondre aux questions des fans qui le suivaient pour faire signer différents documents. Il a paru un peu surpris par la vieille cassette d’une LIBELLULE POUR CHAQUE MORT, polar musclé de Leon Klimovsky où il incarnait un flic dur à la tâche, façon Merli ou Franco Nero, que l’un des membres de l’équipe Fantasia lui demanda de signer.

Le second film, présenté dans une version complète, mais en 16 MM (format télé), est donc très recadré. Le public est un peu turbulent, mais c’est étonnant de découvrir ce mini-classique de l’épouvante européenne sur un écran géant. En reprenant l’autobus de nuit vers quatre heures du matin, je me sentais un peu sonné, comme au sortir d’un rêve étrange.On ne peut pas en dire autant du dernier opus de Dario Argento, THE CARD PLAYER, un incroyable navet présenté dans une salle à moitié-morte de rire. Le film est atrocement interprété. Quant à l’aspect visuel, on se croirait dans une série télé américaine. Ex-claviériste de Goblin, Claudio Simonetti, sur les ordres de son employeur, a concocté une bande son « techno » dépassée et inintéressante. Pour THE CARD PLAYER, le réalisateur italien a voulu montrer qu’il était en phase avec son époque, mais il aboutit à un résultat opposé, terne et faussement branché. On ne cesse de voir des parties de poker par Internet qui achèvent de tuer le suspense d’une œuvre minée dès le départ par un scénario calamiteux : une équipe de policiers cherche à identifier un tueur en série. Ce dernier les défie chaque fois par Internet. Si la police parvient à le battre dans un partie de poker virtuelle, il libère sa victime ; si la police perd, il tue… On taira charitablement la finale mélodramatique et invraisemblable qui cloue le cercueil de ce joueur de cartes inquiétant pour l’avenir d’Argento. En comparaison, NON HO SONNO prend tout à coup des allures de merveille du septième art.Dans la même lignée, THE LAST HORROR MOVIE de Julian Richards se veut un ersatz de HENRY et de C’EST ARRIVÉ PRÈS DE CHEZ VOUS, à qui il pique d’ailleurs tant d’idées que c’en est gênant. Cependant, l’exécution est très laborieuse et le tueur-titre est un acteur dépourvu de charisme (Kevin Howarth). Il passe son temps à parler à la caméra d’un ton provocateur qui ne convainc personne. Le film est très laid visuellement, sans aucune surprise, et il aligne les scènes inutiles et ennuyeuses (querelles domestiques de la sœur de l’assassin, scènes de dîners entre amis, etc.). On s’étonne d’apprendre que la revue FANGORIA distribuera le film à l’échelon national américain.Nettement mieux, un sympathique film de zombies britanniques, SHAUN OF THE DEAD d’Edgar Wright. Il est vrai que fantastique et comédie ne vont pas toujours de pair (on pensera à l’humour pesant de SCARY MOVIE et autres du même genre)… Mais cette fois, le mélange est très réussi. La subtilité de l’humour anglais y fait pour beaucoup, de même qu’un véritable scénario qui n’est pas qu’un prétexte à aligner les gags visuels et autres. En plus, les personnages mis en scène dans SHAUN OF THE DEAD ont tous une véritable personnalité qui permet de susciter un intérêt envers leurs péripéties et leurs déboires. Espérons que ce film sans prétention mais bien sympathique puisse trouver une distribution adéquate.Notons enfin un intéressant thriller psychologique espagnol, traité de façon subtile et intelligente : PALABRAS ENCADENADAS (KILLING WORDS). Ce huis-clos entre un supposé tueur en série et son épouse, qu’il vient de kidnapper, donne lieu à d’habiles retournements de situation. Bien malin qui pourrait prédire la suite des événements. Si l’œuvre tient surtout grâce à un récit solidement charpenté, l’interprétation des acteurs et une réalisation sobre mais efficace de Laura Maňá contribuent à la réussite de ce film. La réalisatrice a notamment joué dans DOBERMANN de Jan Kounen.Nous avons aussi pu découvrir le nouveau court-métrage de Mariano Baiano (DARK WATERS), un conte de fées intitulé NEVER EVER AFTER. En quatorze minutes, le réalisateur italien parvient à donner la mesure de son talent, et la « chute » de son NEVER EVER AFTER est tout à fait surprenante. Le travail sur la couleur et l’atmosphère peut rappeler SUSPIRIA pour l’aspect féerique. Le point de départ s’approche de récits traditionnels : deux fées proposent à une jeune fille de lui enlever tout souci concernant son apparence physique. Elle doit cependant s’en remettre à elles…

Nous aurions voulu demeurer plus longtemps à Fant-Asia, mais les habituelles obligations professionnelles ne nous ont pas permis de le faire. Quoi qu’il en soit, cette année aura été marquée par le grand retour en forme de Paul Naschy dans un film qui, nous l’espérons, devrait bénéficier d’une distribution conséquente à l’échelon mondial.

Post-scriptum 2008 : Rojo Sangre fut en effet édité en DVD NTSC dans une jolie version qui rendit justice au film.